« Au secours ! » Ecrire un discours quand on devient une belle-mère

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 « Au secours, ma fille se marie ! » 

Voilà, presque textuellement, ce que m’a claironné cette maman désespérée il y a quelques jours.

L’heureuse maman explique à ma boîte vocale que sa fille est tombée amoureuse à l’autre bout du monde, que le jeune homme est colombien, que le mariage aura lieu à Bogota dans 12 jours, que rien n’est prêt, son discours encore moins que le reste.  « Et pourtant, Madame De Rijck, j’ai l’habitude d’écrire des discours ou des lettres, mais là, je n’y arrive pas ! J’ai plein d’idées mais je n’arrive pas à les mettre en ordre et encore moins à former des phrases qui tiennent la route.  Et puis, j’aimerais, si possible, que ce soit un peu drôle… »  A mon tour, je m’adresse à sa messagerie pour tenter de la rassurer : « C’est classique, Madame, c’est l’émotion…  Je vais vous aider.  Prenons rendez-vous si vous voulez ».

Nous finissons par nous rencontrer un mercredi après-midi.  Durant toute la durée de l’entretien, mon adorable mari fait de son mieux pour empêcher deux petits monstres aux bouches chocolatées de faire irruption dans mon bureau.  Eternelle reconnaissance envers les travailleurs de l’ombre !

Ecrire, entre autres tracas

Les mariages m’ont toujours fait rêver.  Même les mamans débordées, voire désespérées par les innombrables préparatifs n’arrivent pas à entamer l’émotion que je ressens à l’approche d’un grand jour comme celui-là, même si je ne connais pas les fiancés, même si je ne les verrai pas ouvrir le bal.

Alors, non, cela ne me pèse aucunement d’écouter que Madame Mère

  • ne sait toujours pas si elle devra porter une robe longue ou un chapeau ;
  • s’est déjà rendue deux fois à l’ambassade de la République de Colombie mais qu’elle n’a toujours aucun visa apposé sur son passeport (elle doit y retourner demain) ;
  • a une jambe qui choisit précisément ce moment pour lui jouer de vilains tours, il faudra bien qu’elle aille voir le médecin ;
  • a dû prendre le bus (sa voiture est tombée en panne) et s’est trompée de direction (d’où son léger retard) ;
  • n’a toujours trouvé personne pour venir lui arroser ses plantes pendant son voyage…

Que dire ?  Que taire ?

Il fallait bien déposer tout cela pour envisager sereinement ce qui allait nous occuper principalement durant l’heure suivante : que dire ?  que taire ?  Une âpre négociation s’amorce.

  • Non, il vaut mieux ne pas rappeler à votre fille le prénom de ses anciens amoureux, tous plus bizarres les uns que les autres (les amoureux ET les prénoms) ;
  • non, ne lui avouez pas que le collier de nouilles qu’elle vous a offert à l’occasion d’une lointaine fête des mères ne vous a pas plu ;
  • non, non Madame, ne lui dites pas que vous êtes triste de la voir partir au loin, dites-lui plutôt que vous espérez la voir le plus souvent possible ;
  • oui, nous écrirons que vous l’aimez, que vous lui souhaitez d’être heureuse ;
  • oui, évoquons son caractère indomptable, sa curiosité sans limites, son courage infini ;
  • oui, évoquons ses grands-parents qui n’ont pas pu faire le voyage mais qui sont en pensées avec elle…

Oui, Madame, dites-lui toutes ces belles choses que vous avez dans le cœur.  J’arrête ici l’énumération, qui devient trop intime pour être livrée à d’autres lecteurs.

Une traduction ?  Euh…  on va essayer

Le texte prend forme, Madame me quitte soulagée.   Je suis heureuse le lendemain d’apprendre que la première version que je lui ai envoyée lui plaît.  Nous décidons de quelques ajustements.  Le travail est presque terminé.  Enfin, c’est ce que je croyais…

Madame m’appelle, affolée : sa fille lui demande de prononcer le discours en espagnol !  Elle a bien quelques notions…  mais elles sont si lointaines, ses études de langues modernes !  J’ai bien quelques restes, moi aussi…  Nous allons tenter le coup.

Nous nous retrouvons l’avant-veille de son départ, le soir, dans mon petit bureau.  Les monstres aux bouches chocolatées sont couchés et leur père veille…  Dictionnaire français-espagnol en ligne, précis de conjugaison, fluo et crayon…  Nous nous armons de courage…  Et nous accouchons ensemble de ce que Madame veut dire à sa fille et à son gendre, dans une autre langue que celle qu’elle lui a apprise et qui est celle de l’amour qu’elle va vivre.

A l’approche d’un mariage, vous calez devant la page blanche de votre discours.  Vous êtes submergé par l’émotion ou débordé par un planning surchargé…  Je vous aiderai à trouver les mots justes, ceux qui vous ressemblent.  Déchargez-vous de cette tâche délicate, rencontrons-nous et racontez-moi tout.